Avec le développement de la distribution de l’eau, la fonction sociale de l’eau a peu à peu disparu. Les fontaines et les lavoirs étaient des lieux de rencontre et d’échange qui jouaient un rôle fondamental dans l’activité d’une ville ou d’un village. L’eau était présente dans la rue, elle rythmait la journée, jalonnait les parcours.
De nos jours, l’eau est pourtant beaucoup plus accessible, mais elle chemine dissimulée, elle circule dans les murs, glisse sous nos pas et ne fait que quelques rares apparitions publiques. Si les murs et le sol étaient transparents, ne laissant apparaître que les canalisations d’eau, on se trouverait devant un réseau complexe et vertigineux, vibrant d’une eau qui s’empresse dans tous les sens.
Cette eau si présente, si indispensable n’apparaît dans des lieux publics, que sous la forme de fontaines trop souvent conçues uniquement comme des objets de contemplation. Les fontaines peuvent retrouver une place singulière dans la ville à condition d’être pensées pour les habitants, d’inciter les passants à réagir. Ainsi, elles retrouveront leur valeur symbolique et leur dynamique dans un contexte social moderne.
Ces fontaines doivent entraîner une rupture dans le cheminement de chacun, faire que les passants s’arrêtent pour s’impliquer dans le jeu d’eau, qu’ils laissent la sensualité de l’eau agir sur eux. Mais ce sont aussi des formes sculpturales qui doivent permettre de poser un regard différent sur l’autre, de le voir dans une attitude qui révèle la singularité de son rapport au monde.